Ses parents fument. Dans sa famille, nombreux sont ceux qui fument. Elle non. Elle a huit ou neuf ans environ suivant son souvenir. Elle va à l’école de la ville de M. Se promène le long de l’avenue pour rentrer après l’étude. Et vit. Simplement au rythme des conversations avec ses copines. Des embrouilles de garçons. Des nouveautés à coller sur ses livres d’images. Et une nouvelle. Celle du jour. Celle d’une absence. Trente ans après, elle ne se rappelle plus de son prénom. Un truc en ‘ie’ à la fin. Mais ça n’a pas d’importance maintenant. Ça n’en a plus…
Ce jour là, elle a passé une journée affreuse. Des professeurs pleuraient. Des enfants étaient moroses. Tout comme elle. Car elle ne comprenait pas. Elle ne comprend toujours pas. Comment on peu mourir si vite. Si seul et si entouré à la fois !
Sur le chemin de la maison, elle se stoppe. Les bandes autocollantes de la gendarmerie balisent les restes de leur foyer passés par les fenêtres. Les murs noircis par l’incendie lui montrent les dommages. Tout comme le vide. Le silence qui a gagné la rue longeant l’usine.
Ses pas lents et pesants lui amènent une réflexion. Comment ils ont pu mourir ? Ont-ils souffert ? Est-ce que son amie a pleuré avant ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas entendu partir cette nuit ? Pourquoi personne ne l’a réveillée ? Pourquoi personne ne les a sauvés ? La caserne des pompiers n’est pourtant pas loin et à écouter les cancans, la fumée était très épaisse !!! Alors, pourquoi ?
Prise dans la tourmente de sa pensée torturée, les années ont passées. Peut être est-ce pour ça qu’elle ne fume pas. Peut-être est-ce une des causes qui font qu’elle a peur du feu. Peut-être est-ce aussi à cause d’eux qu’elle écrit beaucoup sur la mort. Eux et beaucoup d’autres qui ont croisés son chemin…
Elle ne sait pas. Mais ce qu’elle sait c’est qu’elle ne les oublis pas. Tous. Chacun ayant eu une vie et une mort. Soit l’un soit l’autre et parfois les deux ayant marqué son âme, elle aimerait leur rendre hommage.
À la famille Biche. Du square Dufourmentelle de M.A. Un papa. Une maman. Une petite fille et un grand frère. Peu importe la véritable cause de leur finitude…