Lettre à coeur ouvert

Bonjour mon cœur…

Comment vas-tu ? Olala ça ne va pas on dirait. Tu as l’air effrayé. Que fais-tu tapi au fond de ma poitrine ? Que se passes-t-il, tu as mal ? On t’a blessé ? Tu as peur ? Pourquoi ne me réponds tu plus ? Je m’inquiète. Voila deux jours que j’essaye de te parler et je n’ai pas de réponse. Voila quatre jours que je te sollicite pour écrire, et Rien. Mais, moi, je commence à craindre le pire. Ne sais tu pas que cela me fait peur d’oser penser que je pourrais te perdre ?! Comment réussirais-je à vivre sans toi ? Sans tes battements pour me rappeler que je suis en vie. Sans tes soubressauts pour me rappeler mes joies, et mes peines. Sans tes hoquets pour me rappeler mes peurs. Ah oui, c’est vrai, cela fait deux jours que nous attendons une réponse. C’est pour ça que tu te tapis dans l’ombre de mon appréhension ? C’est pour ça que tu m’évites et que tu m’empêches de sourire ? S’il te plait, mon petit cœur d’artichaut si sensible, si émotif, si bileux, reviens…
Mon esprit n’est plus rien sans toi. Comment mes doigts pourraient-ils recommencer à clapoter sur mon clavier et embêter le sommeil de mon bien aimé si tu m’abandonnes ? Non ! Je te l’ordonne, tu dois me revenir !

Dans mon esprit de maman gentille, attentionnée et, il faut bien l’avouer, à tout faire, l‘autorité n’est pas l’une de mes qualités. Et, je crains qu’elle ne m’aide pas sur ce coup ci non plus ! Alors, que faire ? Dans mes délires d’écrivain dont j’espère avoir plus qu’une toute petite fibre de désillusion, je vais recommencer à parlementer avec ma moitié irréelle et si nécessaire à ma survie. Le convaincre de recommencer à espérer. De recommencer à accepter d’aimer et surtout d’arrêter de toujours voir le pire !

Arrivé à ce moment de ma lettre, soit toi qui me lis, tu te dis que je suis carrément secoué du ciboulot soit que j’ai une case en moins. Mais tu n’as peut-être pas tort. En fait je suis carrément loin, très loin de la pensée globale.

Comment te décrire que je n’arrive pas moi-même à me retrouver ?

Comment expliquer que mes petites parenthèses de vie me font plus de bien que tous les séjours estivaux dans des palaces ou des campings je ne sais où ! Où de toute façons au bout de 24 heures je vais m’ennuyer ferme !

Comment t’expliquer que ma famille, non pas la simple que j’ai crée, mais la toute méga grande qui comprend pièces rapportées et amis est plus importante pour moi que les malheureux zéro qui ont du mal à proliférer sur mon compte en banque ?

Comment te dire que les bonjours matinaux et les sourires désintéressés d’une population perdue me manque terriblement plus que le dernier i-phone, ou pc, ou je ne sais encore quel truc révolutionnaire à la mode. Celui là même qui me sera insipide et inutile à la longue ! Oui, c’est beau la technologie mais que fais tu de ce que toute la planète a perdue ?

Comment montrer à mes enfants ces espèces d’animaux ou de plantes à jamais disparues et qui peinent à mon cœur ?

Comment rendre le sourire d’un enfant à une mère pour qui mon hommage ne sera jamais assez grand et beau ? Je ne sais pas. Si, si, crois-moi, je ne sais pas.

J’écris des histoires. Je manie les mots. Je raconte des contes de fée et espère à la magie pour tout réparer. Mais, en fait, je ne redoute que votre absence. Je ne redoute que de te perdre toi qui me lis. Toi qui me souris. Toi qui me parles cinq minutes au détour d’une rue, d’une page, d’un msn ou d’un tout petit moment de partage. Mais aussi toi pour qui je me bats. Toi que je veux voir grandir et dont la société a décidé de t’abattre. Toi dont la maladie a réussi à ébranler mon cœur par la peur. Toi qui est passé dans ma vie et qui a laissé une trace indélébile. Mais encore toi qui n’est pas encore là et dont j’espère ta présence. Est-ce folie de te dire que je serai vide sans toi, plus toi, et toi, et encore toi ? Car je dois te l’avouer ma vie serais si triste sans toi.

Alors ami irréel, ami vrai ou ami jamais rencontré. Toi mon ami, oui, juste mon ami comme ça. Je te remercie d’être là et d’avoir pris le temps de m’écouter. Que ta vie soit douce et qu’elle te permettre d’aimer un peu plus chaque jour. Mais surtout, n’oublis pas d’aimer à ton tour car sinon tu te perdrais et tu finirais tristement.

Voila, je crois que j’ai fini de me dévoiler, ça fait du bien. A non, j’allais oublier la notice au cas ou un jour, nous échangions plus qu’un commentaire, plus qu’un sourire ou une larme, et surtout plus que de l’indifférence. Toute simple, je suis, généreuse et boudeuse, espiègle et sensible, voici ma notice :

1 - Je suis dépourvue d’humour. Si, si, c’est possible. Je ne comprends pas moi-même ! Ma mère a pas du en mettre assez dans mon biberon. Donc, si, au détour d’une conversation, tu me vois décrocher ou écarquiller des yeux ronds, c’est que je n’ai rien compris ! Alors, ne me laisse pas choir, s’il te plait. Rattrape-moi, ça me fera plaisir.
2 - Je suis dans la lune ! Oui, aussi. Bon ok, je ne plane pas à dix milles mais quand quelque chose me travaille, et bien je décroche de la réalité pour y réfléchir. Alors, ce n’est pas que la discussion ne me plait pas, c’est juste que j’ai besoin de faire le point avec mon cœur et mon esprit, afin de finir un truc. Ne te fâches surtout pas, je serais de retour après !
3 - Je me fige. Là c’est chaud. À ma tronche, tu sauras si c’est en bien ou en mal. Et la soit je réagis vite soit y'a plus personne. Faut se méfier car le diesel une fois qu’il a chauffé, il risque de démarrer au quart de tour. Mais jamais avec méchanceté.
4 - Je pleure. Bah oui, quand mon cœur s’emballe ou qu’il saigne de douleur, je pleure. Mais parfois ça peut être pour un rien. Un truc anodin qui va vite prendre de grandes proportions dans ma tête. Je sais, c’est bizarre, mais faut pas s’inquiéter. Je ne me suis pas fais mal en dehors, c’est dedans, et ça se soigne pas.
5 - Je rougis. Alors là, c’est le truc pas top du tout ! Je rougis quand je fais des bourdes, des gaffes ou encore quand j’ai mis les pieds dans le plat… Et ça m’arrive souvent !
6 - Je me perds. Je suis incapable de suivre une direction en discutant ! Je me perds, alors que je suis une chef avec une carte routière ou une notice. Seulement, si je conduis, faut pas me discuter hi hi hi.
7 - Je suis une ralala ! Si, si, aussi. Mais ça c’est l’âge et l’héritage de ma grand-mère !
8 – J’écoute la musique très fort. Bizarrement, ça me détend !

Voila je crois que j’ai fait le tour. Alors, toi qui es mon ami, maintenant que tu as la notice de mon cœur, peux-tu lui dire d’arrêter de paniquer ? Peux-tu lui dire qu’il faut qu’il arrête de s’inquiéter pour l’avenir ? Car là, j’aimerais beaucoup me mettre dans l’écriture de mon troisième roman, avec amour, tendresse et dévotion. Je t’envoi pleins de bisous. Laure.

Copyright :

Texte : Laure Verschuère.