Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

De Vous À Moi...

  • : Mélimélo des sens ou le plaisir des mots
  • : Ce blog né sans but précis, si ce n'est le plaisir de m'ouvrir à vous, ami lecteur. De l'envie de partager tout le fourbi qui gravite dans ma tête, de l'oppression de certains actes choquants ou bouleversants, de ma nécessité de donner, mais aussi de cette capacité à formuler mes abnégations et mes interactions sociales ou mentales, je vais me livrer à vous. Je vous offre mes écrits, mon coeur et mes mots. N'hésitez pas à me laisser vos impressions ou juste un bonjour en passant... Amitié Laure.
  • Contact

Infos Auteure :

Dédicaces 2013 : Planing construction A paraitre 2013 : Premier livre jeunesse « Matin Chagrin » Deuxième roman « Plus ne m’est rien sans toi »

Mon premier roman

PAR'ANGE 

 

par'ange

Ma première nouvelle publiée

"Un instant pour disparaitre"

dans le recueil de textes

"Pourtant elle tourne!"

paru aux éditions du Roure

 

pourtant%20elle%20tourne

17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 12:09

Ses parents fument. Dans sa famille, nombreux sont ceux qui fument. Elle non. Elle a huit ou neuf ans environ suivant son souvenir. Elle va à l’école de la ville de M. Se promène le long de l’avenue pour rentrer après l’étude. Et vit. Simplement au rythme des conversations avec ses copines. Des embrouilles de garçons. Des nouveautés à coller sur ses livres d’images. Et une nouvelle. Celle du jour. Celle d’une absence. Trente ans après, elle ne se rappelle plus de son prénom. Un truc en ‘ie’ à la fin. Mais ça n’a pas d’importance maintenant. Ça n’en a plus…

 

Ce jour là, elle a passé une journée affreuse. Des professeurs pleuraient. Des enfants étaient moroses. Tout comme elle. Car elle ne comprenait pas. Elle ne comprend toujours pas. Comment on peu mourir si vite. Si seul et si entouré à la fois !

 

Sur le chemin de la maison, elle se stoppe. Les bandes autocollantes de la gendarmerie balisent les restes de leur foyer passés par les fenêtres. Les murs noircis par l’incendie lui montrent les dommages. Tout comme le vide. Le silence qui a gagné la rue longeant l’usine.

 

Ses pas lents et pesants lui amènent une réflexion. Comment ils ont pu mourir ? Ont-ils souffert ? Est-ce que son amie a pleuré avant ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas entendu partir cette nuit ? Pourquoi personne ne l’a réveillée ? Pourquoi personne ne les a sauvés ? La caserne des pompiers n’est pourtant pas loin et à écouter les cancans, la fumée était très épaisse !!! Alors, pourquoi ?

 

Prise dans la tourmente de sa pensée torturée, les années ont passées. Peut être est-ce pour ça qu’elle ne fume pas. Peut-être est-ce une des causes qui font qu’elle a peur du feu. Peut-être est-ce aussi à cause d’eux qu’elle écrit beaucoup sur la mort. Eux et beaucoup d’autres qui ont croisés son chemin…

 

Elle ne sait pas. Mais ce qu’elle sait c’est qu’elle ne les oublis pas. Tous. Chacun ayant eu une vie et une mort. Soit l’un soit l’autre et parfois les deux ayant marqué son âme, elle aimerait leur rendre hommage.

 

À la famille Biche. Du square Dufourmentelle de M.A. Un papa. Une maman. Une petite fille et un grand frère. Peu importe la véritable cause de leur finitude…

Partager cet article
Repost0
16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 19:02

Prise dans la tourmente d’un mail, je pose mes mains sur mon bidou et réfléchis. Les lignes se sont emmêlées. Les mots se sont embrouillés. Je ne comprends pas tous les sens cachés ni toutes les tournures très tourmentées de la vie d’une autre. Si proche et si lointaine à la fois que je me stoppe. J’aimerais dire des choses. Gentilles puis dures mais je n’y arrive pas. Non. Car en fait j’ai de la peine et beaucoup de compassion pour cette finalité injuste.

La fin d’un rêve. La fin d’une vie littéraire ? Le début du silence ou celui de la délation ? La fin d’une aventure étouffée dans l’œuf ou l’ouverture sur l’avenir ? Je ne sais pas. Tout ce que je vois moi c’est une éditrice perdue. Des amis auteurs esseulés. Des livres et des trahisons.
Aujourd’hui, les éditions Laura Mare sont brisées. Un cheminement de tout un tas de causes à effets ont produit sa chute. Désastreuse finalité pour une femme ayant si longtemps combattue pour ses idées. Ses auteurs. Et même si mon roman n’a pas vu le jour chez elle, je confirme mon soutien à ses efforts.

Utopique je suis et resterais. Je ne sais pas ce que l’avenir sera pour mon hommage mais je continue d’y croire. Je ne lâcherais pas mon petit ange ni la promesse de montrer au monde les choses qui ne devrait jamais exister !

Et puis de toute façon j’adore écrire alors qui vivra verra J

A suivre donc…

Bisous. Laure.

Partager cet article
Repost0
16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 18:41

 

Cet après midi, malgré mon état franchement vaseux et on ne rit pas siouplait, j’ai été faire des courses. Brico pour les bandes de placo (en panne de rails et de platre bien évidement !). Alimentaire pour le retour de mes petits loups, et plus si affinités dans les rayons fringues et chaussures pour enfants.

Le premier mago passé. Le plein de la tuture exécuté puis le deuxième presque achevé, je tiens encore debout. Enfin presque. Certains me regardent bizarre. Faut dire que dans le genre blanche (voire livide) avec des sueurs beurk de beurk, je dois faire peur mais bon passons…

On se serait moqué de moi, je m’en serais tapé le coquillard ; mais franchement, même malade j’ai beugué. Sur une jeune fille en fauteuil roulant ? Sur une maman attentive à sa vie si abimée déjà ? Non. Sur les mots des gens qui étaient derrière elles. Ceux que j’aurais éclaté de jurons et de joutes verbales franchement pas ragoutante si j’avais été mieux. Enfin plus en état. Mais le regard noir que je leur ai lancé a quand même servit un peu…

P**** qu’est ce que ça m’énerve la connerie humaine !!! Croisée au rayon godasses, je l’avais déjà repérée. Tétraplégique de naissance surement. Pas de trisomie mais un retard de croissance et une dégénérescence musculaire. Une bête pour les autres ?

La révolte danse dans mes yeux. J’en ai gros sur la patate. Pourquoi ? Car j’ai revu mes années de peur. Mes années passées de colère. Sur le regard des autres. Leur facilité à dire n’importe quoi. Leur pourriture qu’ils ne retiennent pas. Ce n’est même pas des mots qui sortent de leurs bouches mais des injures. Pourquoi font-ils ça ? Ils ne savent que le malheur peut arriver à tout le monde ? Que la maladie ne choisit pas ? Que la malchance n’est pas toujours pour les autres ?

Carrément fâchée de ne pas avoir plus faire plus, je beug. Utopique, j’aimerais que les gens changent. Que le monde s’ouvre. Même si je suis la première à ne pas pouvoir. Puisque je me refuse à les éclater sur place tous ces crétins qui ne voient pas l’amour. Qui ne comprennent pas que chacun a le droit de vivre. Que ce n’est pas le fait de tenir sur deux jambes qui les rendent meilleur. Ni le fait qu’ils ne sont branchés à aucun appareil. C’est la tolérance et le respect. Mais ça ils en sont dépourvus et je les plains !

Bande de crétins va ! Oulala que ça m’énerve !!!!

Partager cet article
Repost0
16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 18:13

 

Hier avec chéri, nous sommes allés nous promener. Petite balade de lundi du 15 août s’est transformé en grosse promenade à la recherche d’un biclo pour ma puce de 6 ans. Première farfouille dans un blaide pas loin avec environ 400 exposants. Surtout des vieilleries. Pas très intéressant pour Laure mais bon ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris le temps de sortir alors ça a fait du bien. À la fin de la braderie, l’homme avait fin.

Sandwich ou sandwich ? Beurk. Tu peux patienter mon amour ?

Contre mauvaise fortune bon cœur, l’homme a patienté. À la deuxième farfouille un stand plus alléchant avec barbecue improvisé proposait un vrai repas. Entrée charcuterie. Viande + frites. Fromage + part de tarte. OK, ai-je dis. Mais que n’ai-je pas dit !!!! Car cet aprèm je ne compte plus le nombre de beug que ce repas m’a causé ni de tours aux toilettes d’ailleurs !!!!!

Beug 1 : La charcuterie déballée depuis le matin n’était plus très fraiche du coup intoxication alimentaire. Youpi !

Beug 2 : Des enfants au service munis de gants. Idée plutôt correct à la base et respectueuse de la nourriture sauf quand ils ramassent ce qui tombe par terre avec les mêmes gants qu’ils servent. Plongeant les gravillons du sol dans les bocaux de cornichons. Triant les tranches de saucissons. Saupoudrant de sel les frites et j’en passe… Vous aurez surement saisi là où ça coince !

Beug 3 : L’organisation. Euh… le manque d’organisation plutôt. J’ai jamais vu un foutoir pareil et pourtant des brocantes j’en fait mais là chapeau bas pour le merdier ! on se serait dit à un champ de foire où tout le monde gueule pour avoir son bout de gras !

Beug 4 : Les retombées du déjeuner cette nuit L

Bon, j’arrête. C’était juste pour dire que la prochaine fois, chéri si t’as faim et bien t’attendra la maison ou alors tu paieras le resto ! mince à la fin !!!!

Partager cet article
Repost0
15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 18:29

C’est sa dernière année de primaire. Sa dernière année chez les petits. En septembre, elle ira au lycée. Prendra le bus. Découvrira plus loin sa ville de M. Parcourra quelques kilomètres et connaitra la liberté. Mais avant, elle se doit de faire le même chemin que depuis qu’elle a six ans. La clef autour du cou. Longer l’avenue. Sauter le mur entre les deux squares et rentrer. Quatre feux. Trois intersections. Une vieille usine. Quelques magasins et quelques passants.

Ce mercredi midi là, peu de circulation gênent les quelques piétons autour d’elle. Les voitures semblent occupées ailleurs. Tout comme son esprit se promenant de camion en camion. Elle aime déjà les engins. Tous les gros trucs bizarres en fait. Elle ne sait pas encore ce qu’elle fera plus tard mais elle aimerait bien apprendre à conduire…

 

C’est sur sa contemplation d’un transporteur de marchandise que sa réflexion s’est arrêté. En fait à y réfléchir, il y en avait deux. Deux gros camions se faisant un bisou. Oubliant entre leurs bras une petite voiture avec une mamie dedans. Ecrabouillée. Pire qu’une purée mousseline. Pire qu’une mayonnaise. Un rien. Même qu’en y regardant de plus près les gens autour d’elle ont eu du mal à la croire quand elle leur a dit. Mais si y’a une voiture entre les deux ! Avec un vieux dedans.

 

L’encastrée n’a pas survécue. Ni au choc ni à la désincarcération. Une marmelade de boyaux là dedans. Mais elle n’y a pas été regarder plus. Elle a continué son chemin. Perdre, elle sait ce que c’est. Elle a 11 ans et même pas (encore) peur de la mort.

 

C’est la première fois qu’elle a vu la connerie humaine. Pas dans l’accident. Non. Mais dans les mots des gens. Sous forme de ‘on ne devrait pas les autoriser à conduire’, ‘tous des tueurs’, ‘la route ne doit être qu’aux voitures’. Pourquoi personne n’en a eu à faire de la vieille dame ?

Partager cet article
Repost0
15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 17:58

 

Se remémorrant que ça fait bien tout ça, qu’elle n’en a pas fait. Si, si carrément. Elle se toise. Se regarde de haut en bas avant de se dire : Pourquoi pas ?! Après tout ça ne doit pas être si terrible que ça de se remettre en selle ?!

Mouais vite dit car le machin ça fait mal aux fesses quand même !!!!

Un pantacourt et un petit haut. Ses Nike et son porte monnaie (dans sa culotte lol), les voilà partis. L’excuse du pain aurait pu faire une bonne entrée en matière à sa reprise si monsieur chéri n’avait pas d’autres idées. De toute manière la boulangerie est à sec alors autant s’amuser et contourner le petit village pas les chemins non ?!

Ralant qu’elle lui a bien expliqué qu’elle n’aime pas les côtes. Que ça fait trèèèèèèèèèèès longtemps qu’elle n’a pas usé ses guibolles dans ce sport là, elle décide de poursuivre l’ascension du col mes genoux. À pied. S’essoufflant même comme ça. Non mais il n’est pas un peu malade celui-là ????! Qu’est ce qui lui a pris encore de l’écouter ! Grrr. Pestant un peu plus dans sa barbiche, elle grimpe pendant que lui, la nargue dans sa moulinette à deux balles. Rah il faisait moins de manière à la pistaga la semaine dernière la grosse patate Mouarf !

1ère étape du tour de leur nouveau blaide : un fiasco et pour la suite ce sera ? Des chemins. Des cotes. Des virages. Des descentes. Et bien sur comme il n’a pas écouté. Un retour par la route. Grrrr. Elle ne lui a pas dit non plus qu’elle n’aime pas les voitures quand ce n’est pas elle qui conduit ! Grrr

Les deux heures de balade lui auront fait du bien cependant. Elle a pu remettre plus qu’un pied dans la nature. Reperdre son souffle plus d’une fois. Laisser son corps loiiiiin derrière elle et s’affaler comme une carpe au soleil après l’effort. Mouais mais franchement, c’était pas mal quand même hi hi hi.

Partager cet article
Repost0
15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 17:36

 

Agacée de son attente au premier feu derrière le traine savate qui la précède et dont elle n’arrive pas à se défaire, Joannie peste en silence. Son bébé dort à l’arrière. Elle a bien pensé à doubler le pot de yaourt qui la saoule mais le manque de visibilité et la peur de l’accident lui en a soufflé l’idée. Vingt cinq minutes qu’une petite trainée s’est constituée derrière elle. S’étoffant au fur et à mesure que les kilomètres passent.

Le gars avec sa BM derrière doit pester plus fort que moi. Sur qu’il râle comme un charretier, a-t-elle songé quand il les a doublés…

 

Après le rond point, le feu est obsolète. Nombreux usagers de cette avenue crient à la stupidité quand il se déclenche pour un rien. Qu’il prend ses aises sur leurs pouvoirs de maîtres du monde à bord de leurs bolides. Prévu pour ralentir, il ennuie tous les usagers. Tous comme ses trois confrères sur la même route. En bordure de voie ferrée, cette jolie esplanade qui a des allures de traversée du désert. Droite. Bien charpentée. Un terre-plein central et aucune maison sur le versant est. Idéale. Pourquoi ralentir le flux ? Pourquoi rajouter des passages piétons ? Personne n’a besoin de traverser là…

 

En y prêtant l’oreille, certaine auraient du écouter. Avant. Un vieux monsieur gérant d’une boulangerie. Riverain depuis une trentaine d’années explique. Sur la voix ferrée existe plusieurs passerelles. Que généralement les gosses empruntent. Elles mènent aux anciens parcs. Non loin des industries. Rien de bien sensationnel mais très agréables pour ceux qui veulent se promener.

 

Un enfant qu’il soit fille ou garçon habitant la commune de V. savent par où passer. Ils savent aussi que les voitures sont dangereuses. Ils savent regarder à droite puis à gauche. Ils savent attendre au passage piéton et ne traverser qu’au petit bonhomme vert. Ce jour là, un papa s’en voudra tout le reste de sa vie de ne pas avoir expliquée à sa fille qu’un conducteur peut aussi ne pas s’arrêter au feu rouge…

 

Coincée derrière son volant Joannie ne bouge plus. Une heure qu’elle est dans cette position. Cent vingt minutes que son corps s’est figé. Le rouge qui macule son capot a pénétré dans ses joues et ses yeux. Brisant d’effroi ses vingt-deux ans. Propulsant sa vie dans la terreur d’une petite robe violette à nœuds-nœuds. Elle est là sans être là. Catapultée dans son moi en même tant que ce petit corps décharné est retombé sur sa voiture. Devant son visage en un crissement de pneu. Les cris. Les larmes. Tous ces bruits de tôle froissée et elle… si seule.

 

Le bébé dans ses bras et la main sur son épaule, elle l’a guidé. Trois pas avant qu’elle ne s’effondre. Paniquée. Perdue. Sous le choc. Les pompiers, la gendarmerie, et tous les volontaires pour dépatouiller le merdier avaient tant affaire. Elle s’est retournée. A regardé tour à tour le visage du petit homme potelé et celui de l’enfant écorchée par la stupidité humaine. Sages. Si sages tous les deux qu’elle en aurait pleuré avant de se ressaisir et de poursuivre sa tache… comme un robot dépourvu d’âme. Un blason dans le dos. Protection Civile.

 

C’était la deuxième fois qu’elle voyait un enfant mort…

 

 

Partager cet article
Repost0
14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 13:02

Emile Zola,

Le Figaro, 24 mars 1896,

repris dans Nouvelle campagne [1896],

Paris, Bibliothèque-Charpenthier, 1897, p. 85-97.

L’amour des bêtes

Pourquoi la RENCONTRE d'un chien perdu, dans une de nos rues tumultueuses, me donne-t-elle une secousse au coeur ?

Pourquoi la vue de cette bête, allant et venant, flairant le monde, effarée, visiblement désespérée de ne pas retrouver son maître, me cause-t-elle une pitié si pleine d'angoisse, qu'une telle rencontre me gâte absolument une promenade ?

Pourquoi, jusqu'au soir, jusqu'au lendemain, le souvenir de ce chien perdu me hante-t-il d'une sorte de désespérance, me revient-il sans cesse en un élancement de fraternelle compassion, dans le souci de savoir ce qu'il fait, où il est, si on l'a recueilli, s'il mange, s'il n'est pas à grelotter au coin de quelque borne ?

Pourquoi ai-je ainsi, au fond de ma mémoire, de grandes tristesses qui s'y réveillent parfois, des chiens sans maîtres, rencontrés il y a dix ans, il y a vingt ans, et qui sont restés en moi comme la souffrance même du pauvre être qui ne peut parler et que son travail, dans nos villes, ne peut nourrir?

Pourquoi la souffrance d'une bête me bouleverse-t-elle ainsi? Pourquoi ne puis-je supporter l'idée qu'une bête souffre, au point de me relever la nuit, l'hiver, pour m'assurer que mon CHAT a bien sa tasse d'eau ? Pourquoi toutes les bêtes de la création sont-elles mes petites parentes, pourquoi leur idée seule m'emplit-elle de miséricorde, de tolérance et de tendresse?

Pourquoi les bêtes sont-elles toutes de ma famille, comme les hommes, autant que les hommes ?

 

***

 

Souvent, je me suis posé la question, et je crois bien que ni la physiologie, ni la psychologie n'y ont encore répondu d'une façon satisfaisante.

D'abord, il faudrait classifier. Nous sommes légion, nous autres qui aimons les bêtes. Mais on doit compter aussi ceux qui les exècrent et ceux qui se désintéressent. De là, trois classes : les amis des bêtes, les ennemis, les indifférents. Une enquête serait nécessaire pour établir la proportion. Puis, il resterait à expliquer pourquoi on les aime, pourquoi on les hait, pourquoi on les néglige. Peut-être arriverait-on à trouver quelque loi générale. Je suis surpris que personne encore n'ait tenté ce travail, car je m'imagine que le problème est lié à toutes sortes de questions graves, remuant en nous le fond même de notre humanité.

On a dit que les bêtes remplaçaient les enfants chez les vieilles filles à qui la dévotion ne suffit pas. Et cela n'est pas vrai, l'amour des bêtes persiste, ne cède pas devant l'amour maternel, quand celui-ci s'est éveillé chez la femme. Vingt fois, j'ai vérifié le cas, des mères passionnées pour leurs enfants, et qui gardaient aux bêtes l'affection de leur jeunesse, aussi vive, aussi active. Cette affection est toute spéciale, elle n'est pas entamée par les autres sentiments, et elle-même ne les entame pas. Rien ne saurait prouver d'une façon plus décisive qu'elle existe en soi, bien à part, qu'elle est distincte, qu'on peut l'avoir ou ne pas l'avoir, mais qu'elle est une manifestation totale de l'universel amour, et non une modification, une perversion d'un des modes particuliers d'aimer.

On aime Dieu, et c'est l'amour divin. On aime ses enfants, on aime ses parents, et c'est l'amour maternel, c'est l'amour filial. On aime la femme, et c'est l'amour, le souverain, l'éternel. On aime les bêtes, enfin, et c'est l'amour encore, un autre amour qui a ses conditions, ses nécessités, ses douleurs et ses joies. Ceux qui ne l'éprouvent pas en plaisantent, s'en fâchent, le déclarent absurde, tout comme ceux qui n'aiment pas certaines femmes ne peuvent admettre que d'autres les aiment. Il est, ainsi que tous les grands sentiments, ridicule et délicieux, plein de démence et de douceur, capable d'extravagances véritables, aussi bien que des plus sages, des plus solides volontés.

Qui donc l'étudiera? Qui donc dira jusqu'où vont ses racines dans notre être? Pour moi, lorsque je m'interroge, je crois bien que ma charité pour les bêtes est faite, comme je le disais, de ce qu'elles ne peuvent parler, expliquer leurs besoins, indiquer leurs maux. Une créature qui souffre et qui n'a aucun moyen de nous faire entendre comment et pourquoi elle souffre, n'est-ce pas affreux, n'est-ce pas angoissant? De là, cette continuelle veille où je suis près d'une bête, m'inquiétant de ce dont elle peut manquer, m'exagérant certainement la douleur dont elle peut être atteinte. C'est la nourrice près de l'enfant, qu'il faut qu'elle comprenne et soulage.

Mais cette charité n'est que de la pitié, et comment expliquer l'amour ? La question reste entière, pourquoi la bête en santé, la bête qui n'a pas besoin de moi, demeure-t-elle à ce point mon amie, ma soeur, une compagne que je  recherche, que j'aime ? Pourquoi cette affection chez moi, et pourquoi chez d'autres l'indifférence et même la haine.

 

***

 

Ces temps derniers, comme j'achevais d'écrire le roman qui a Rome pour cadre, j'ai reçu de cette ville une longue lettre qui m'a infiniment touché.

Je ne crois pas devoir en nommer le signataire. Il s'agit d'un officier supérieur de l'armée italienne, d'un héros de l'indépendance, fort âgé, je crois, et qui a pris depuis longtemps sa retraite. Si je me permets de donner quelque publicité à l'objet de sa lettre, c'est que je pense obéir à ses intentions et lui faire même un grand plaisir.

Il m'écrivait donc pour me supplier de prendre, dans mon roman, la défense des bêtes. Et le mieux est de citer : « Avez-vous remarqué les horribles atrocités qu'on exerce impunément à Rome contre les animaux, soit en public, soit en privé ? De toute manière, le fait existe ouvertement, révoltant et détestable. Rien n'a valu pour y porter remède. Je crois que vous seulement pourriez faire ce miracle, par votre puissante parole, par l'attention universelle dont vous disposez, par l'universelle réprobation qui, à votre parole indignée, ne manquerait pas d'éclater. Sur ce thème, que j'ai étudié toute ma vie, je pourrais vous fournir des faits innombrables. »

Est-il rien de plus touchant que cet appel d'un vieux soldat en faveur des pauvres bêtes qui souffrent ? Il se trompe singulièrement sur mon pouvoir, et je m'excuse d'avoir reproduit la phrase de sa lettre où il donne à ma parole une importance si exagérée. Mais, en vérité, n'est-ce point charmant et attendrissant, ce défenseur des bêtes, qui toute sa vie les a protégées, qui s'avoue vaincu, et qui va chercher un simple romancier d'une nation voisine, pour l'intéresser à la cause et lui demander le plaidoyer dont il espère enfin, sinon le salut, du moins un soulagement ? J'avoue que l'ami des chiens perdus, en moi, a sympathisé tout de suite avec le vieux brave, qui est sûrement un brave homme.

Mon roman était terminé, et je n'ai pu y glisser la moindre page en faveur des bêtes. Je me hâte d'ailleurs d'ajouter que je n'ai vu, à Rome, aucune scène m'autorisant à les défendre. Je ne mets pas en doute la parole de mon correspondant, je déclare simplement que pas une des atrocités dont il a parlé n'a frappé mes yeux. Il est à croire que les choses sont à Rome comme elles sont à Paris, bien que, d'après mes observations, il m'a toujours semblé que l'amour des bêtes décroissait, à mesure qu'on descendait vers les pays du soleil. Et, à ce propos, je citerai encore ce passage de la lettre : « A Milan, et en général chez les Italiens d'origine celtique, un coup de canne donné à un chien, et qui ne manquerait pas de soulever l'indignation publique, serait passible de l'amende établie par le Code ; tandis que, dans le Sud, les cruautés les plus raffinées, les plus révoltantes, tombent difficilement sous l'action du juge, parce qu'elles ne rencontrent chez les passants que la plus olympique indifférence. » La remarque est certainement juste, et c'est là un document pour le travail qu'on fera un jour.

Nous avons eu, à Paris, de veilles dames qui guettaient les savants vivisecteurs, et qui tombaient sur eux à coups d'ombrelles. Elles paraissaient fort ridicules. Mais s'imagine-t-on la révolte qui devait soulever ces pauvres âmes, à la pensée qu'on prenait des chiens vivants, pour les découper en petits morceaux ? Songez donc qu'elles les aiment, ces misérables chiens, et que c'est un peu comme si l'on coupait dans leur propre chair. Le héros qui m'a écrit, qui s'est battu sans peur ni reproche, sans craindre de tuer ni d'être tué, appartient certainement à la grande famille de ces âmes fraternelles que l'idée de la souffrance exaspère, même chez les bêtes, surtout chez les bêtes, qui ne peuvent ni parler, ni lutter. Je lui envoie publiquement ma poignée de main la plus attendrie et la plus respectueuse.

 

***

 

J'ai eu un petit chien, un griffon de la plus petite espèce, qui se nommait Fanfan. Un jour, à l'Exposition canine, au Cours-la-Reine, je l'avais vu dans une cage en compagnie d'un gros chat. Et il me regardait avec des yeux si pleins de tendresse, que j'avais dit au marchand de le sortir un peu de cette cage. Puis, par terre, il s'était mis à marcher comme un petit chien à roulettes. Alors, enthousiasmé, je l'avais acheté.

C'était un petit chien fou. Un matin, je l'avais depuis huit jours à peine, lorsqu'il se mit à tourner sur lui-même, en rond, sans fin. Quand il tombait de fatigue, l'air ivre, il se relevait péniblement, il se remettait à tourner. Quand, saisi de pitié, je le prenais dans mes bras, ses pattes gardaient le piétinement de sa continuelle ronde ; et, si je le posais par terre, il recommençait, tournait encore, tournait toujours. Le vétérinaire, appelé, me parla d'une lésion au cerveau. Puis, offrit de l'empoisonner. Je refusai. Toutes les bêtes meurent chez moi de leur belle mort, et elles dorment toutes tranquilles, dans un coin du jardin.

Fanfan parut se guérir de cette première crise. Pendant deux années, il entra dans ma vie, à un point que je ne pourrais dire. Il ne me quittait pas, se blottissait contre moi, au fond de mon fauteuil, le matin, durant mes quatre heures de travail ; et il était devenu ainsi de toutes mes angoisses et de toutes mes joies de producteur, levant son petit nez aux minutes de repos, me regardant de ses petits yeux clairs. Puis, il était de chacune de mes promenades, s'en allait devant moi de son allure de petit chien à roulettes qui faisait rire les passants, dormait au retour sous ma chaise, passait les nuits au pied de mon lit, sur un coussin. Un lien si fort s'était noué entre nous, que, pour la plus courte des séparations, je lui manquais autant qu'il me manquait.

Et, brusquement, Fanfan redevint un petit chien fou. Il eut deux ou trois crises, à des intervalles éloignés. Ensuite, les crises se rapprochèrent, se confondirent, et notre vie fut affreuse. Quand sa folie circulante le prenait, il tournait, il tournait sans fin. Je ne pouvais plus le garder contre moi, dans mon fauteuil. Un démon le possédait, je l'entendais tourner, pendant des heures, autour de ma table. Mais c'était la nuit surtout que je souffrais de l'écouter, emporté ainsi en cette ronde involontaire, têtue et sauvage, un petit bruit de petites pattes continu sur le tapis. Que de fois je me suis levé pour le prendre dans mes bras, pour le garder ainsi une heure, deux heures, espérant que l'accès se calmerait, et, dès que je le remettais sur le tapis, il recommençait à tourner. On riait de moi, on me disait que j'étais fou moi-même de garder ce petit chien fou dans ma chambre. Je ne pouvais faire autrement, mon coeur se fendait à l'idée que je ne serais plus là pour le prendre, pour le calmer, et qu'il ne me regarderait plus de ses petits yeux clairs, ses yeux éperdus de douleur, qui me remerciaient.

Ce fut ainsi, dans mes bras, qu'un matin Fanfan mourut, en me regardant. Il n'eut qu'une légère secousse, et ce fut fini, je sentis simplement son petit corps convulsé qui devenait d'une souplesse de chiffon. Des larmes me jaillirent des yeux, c'était un arrachement en moi. Une bête, rien qu'une petite bête, et souffrir ainsi de sa perte, être hanté de son souvenir à un tel point que je voulais écrire ma peine, certain de laisser des pages où l'on aurait senti mon coeur. Aujourd'hui, tout cela est loin, d'autres douleurs sont venues, je sens que les choses que j'en dis sont glacées. Mais, alors, il me semblait que j'avais tant à dire, que j'aurais dit des choses vraies, profondes, définitives, sur cet amour des bêtes, si obscur et si puissant, dont je vois bien qu'on sourit à mon entour, et qui m'angoisse pourtant jusqu'à troubler ma vie.

Oui, pourquoi m'être attaché si profondément au petit chien fou ? Pourquoi avoir fraternisé avec lui comme on fraternise avec un être humain? Pourquoi l'avoir pleuré comme on pleure une créature chère ? N'est-ce donc que l'insatiable tendresse que je sens en moi pour tout ce qui vit et tout ce qui souffre, une fraternité de souffrance, une charité qui me pousse vers les plus humbles et les plus déshérités ?

 

***

 

Et voilà que j'ai fait un rêve, à l'appel que j'ai reçu de Rome, cette lettre suppliante d'un vieux soldat, qui me demande de venir au secours des bêtes.

Les bêtes n'ont pas encore de patrie. Il n'y a pas encore des chiens allemands, des chiens italiens et des chiens français. Il n'y a partout que des chiens qui souffrent quand on leur allonge des coups de canne. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas, de nation à nation, commencer par tomber d'accord sur l'amour qu'on doit aux bêtes ? De cet amour universel des bêtes, par dessus les frontières, peut-être en arriverait-on à l'universel amour des hommes. Les chiens du monde entier devenus frères, caressés en tous lieux avec la même tendresse, traités selon le même code de justice, réalisant le peuple unique des libertaires, en dehors de l'idée guerroyante et fratricide de patrie, n'est-ce pas là le rêve d'un acheminement vers la cité du bonheur futur ? Des chiens internationaux que tous les peuples pourraient aimer et protéger, en qui tous les peuples pourraient communier, ah! grand Dieu! le bel exemple, et comme il serait désirable que l'humanité se mît dès aujourd'hui à cette école, dans l'espoir de l'entendre se dire plus tard que de telles lois ne sont pas faites uniquement pour les chiens!

Et cela, simplement, au nom de la souffrance, pour tuer la souffrance, l'abominable souffrance dont vit la nature et que l'humanité devrait s'efforcer de réduire le plus possible, d'une lutte continue, la seule lutte à laquelle il serait sage de s'entêter. Des lois qui empêcheraient les hommes d'être battus, qui leur assureraient le pain quotidien, qui les uniraient dans les vastes liens d'une société universelle de protection contre eux-mêmes, de façon que la paix régnât enfin sur la terre. Et, comme pour les pauvres bêtes errantes, se mettre d'accord, tout modestement, à l'unique fin de ne pas recevoir des coups de canne et de moins souffrir.

Partager cet article
Repost0
10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 07:43

Bonjour à tous,

 

Ayant du mal à rompicher correctement ces temps ci, je profite de mes réveils décalés par mon horloge biologique ou un je ne sais quoi qui me travaille pour venir vous faire un petit coucou et vous proposer le défi de la semaine.

Le thème est p{o}se. Je l’écris en phonétique (enfin j’essaye lol) car en fait c’est : la pose ou la pause.

Mouaip’ je sais, le manque de sommeil me fait carrément être farfelu… mais bon on va y arriver hein ? hi hi hi

Donc la pose d’un mannequin, d’un objet sur un meuble, d’un mur en plâtre enfin n’importe quoi ou une pause du temps, du travail, etc.

Bon, vu que vous dormez très certainement tous, je ne m’acharne pas. Si y’a des questions, je suis par là lol, en plus ça nous permettra de papoter car y’a des petits nouveau que je ne connais pas… hi hi hi

J’espère que vous pourrez participer au défi.

Je vous souhaite à tous une bonne semaine à venir.
Bisous.
Laure.

 

Lire la prose de Claire : http://claire-de-la-chatlys.over-blog.com/article-texte-erotique-mokha-81237155.html 

Partager cet article
Repost0
9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 18:36

 Bonjour à tous,

 

dans la série, Laure fais ses courses comme madame tout le monde, enfin presque, me v’la hier à Leclerc. Mouaip’ histoire de faire du shopping pour la rentrée de mes loulous au nombre de cinq. Ralala calmez-vous j’vous entends déjà soupirer de compassion ou de désespoirs !!!! Bon ok, c’est pas si terrible que ça sauf pour le volume octroyé dans mon caddy aux fournitures de mes écoliers… 

 

Promis, le problème en fait n’est pas venu de tous mes achats. Ni des rayons franchement assez bien fournis. Mais des mégères en petit nombre qui prennent genre toute la place des allées et qui ne comprenne pas qu’un ‘pardon’ veut dire ‘Hey oh tu peux te pousser s’te plait ! j’aimerais moi aussi me servir et ne pas poireauter deux heures derrière madame et ses progénitures qui scouate sans savoir si le rose Hello Kitty irait mieux avec le violet Barbie de son teint !’. Alors que franchement les gamines pour aller au collège avec un attirail de primaire, je les plains mais ça c’est une autre histoire J

 

L’énervement accumulé est venu d’une nana genre qui dans son plumard doit prendre tous les draps et encore se plaindre si tenté qu’un homme la supporte. Ok je suis mauvaise langue mais vous aurez compris que franchement ça m’a saoulé grave !!!! Donc moi toute seule car franchement je ne suis pas assez crétine pour emmener mes gosses faire ce genre de courses à moins de vouloir me tirer une balle !!! je me suis faufiler. Comme un serpent entre les sens gêne et les casse pieds jusqu’à m’étouffer. D’où le beug !

 

Je me suis étouffée de la connerie humaine. Pire, de la suprématie de la bétise d’une mère qui en guise d’éducation transmet à ses meufettes ados son non savoir vivre en un ‘poussez vous les filles vous ne voyez pas que la dame veut passer. Le magasin n’est pas juste pour vous, voyoooooons’ Pétard. Limite je me serais vautrée par terre de stupeur !!! Mais c’est l’hôpital qui se fou de la charité ou le ‘la dame’ qui m’est resté en travers de la gorge ???

 

Oulaaaa sauve qui peut où je vais faire un massacre.

 

Bilan : je n’ai pas tout trouver mais je m’en fou. Jeudi, j’irais à Gifi en espérant croiser personne et poursuivre mes achats avec moi et moi et rien que moi na ! car, je ne suis toujours pas tombée sur la tête moi !!!! looooooooooooooooool

 

Et vous ça va ? la rentrée s’annonce bien ? hi hi hi. Bisous à tous. Laure.

Partager cet article
Repost0